Le blog de Clo

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?

Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être !
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais !


Charles BAUDELAIRE , Les Fleurs du Mal , 1857
Sam 14 fév 2009 4 commentaires
o toi.... bisouss
Passion - le 15/02/2009 à 02h54
C'est un très beau poème, non ?
greg & Clo
tres beau !
Passion - le 15/02/2009 à 12h40
Le recueil, Les fleurs du Mal, a été censuré deux mois après sa parution pour... outrage à la morale ! Et ce jugement n'a éte cassé qu'en 1949 !!!
greg & Clo
merci pour l'info maitresse
Passion - le 15/02/2009 à 15h07
merci pour l'info maitresse
Passion - le 15/02/2009 à 15h07